
Une image satellite montre la centrale nucléaire de Bushehr, dans la province de Bushehr
par Jana Choukeir, Pesha Magid et Steven Scheer
L'annonce d'une attaque contre la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr relayée jeudi par un porte-parole de l'armée israélienne est "une erreur", a déclaré un responsable de Tsahal.
Le responsable a confirmé des bombardements sur les sites nucléaires de Natanz, Ispahan et d'Arak, mais pas contre la centrale de Bouchehr, la seule en activité en Iran, qui borde le golfe Persique et dont une partie du personnel est composée d'experts russes.
Une attaque contre cette infrastructure aurait constitué une dangereuse escalade dans le conflit militaire qui oppose depuis vendredi dernier Israël à l'Iran. Elle présenterait en outre un risque de contamination radioactive de l'air et de l'eau.
Le Premier ministre du Qatar, cheikh Mohamed ben Abdoulrahman al Thani, a averti en mars qu'une attaque contre les installations nucléaires iraniennes "contaminerait entièrement" les eaux du Golfe et menacerait la vie au Qatar, aux Émirats arabes unis et au Koweït.
Le Qatar, les Émirats arabes unis et le Koweït, qui font face à l'Iran sur la côte opposée du Golfe, disposent de réserves d'eau naturelles limitées et représentent une population de plus de 18 millions d'habitants dont la seule source d'eau potable est l'eau de mer dessalée pompée dans le Golfe lui-même.
Bouchehr utilise du combustible russe, que la Russie récupère après utilisation pour réduire le risque de prolifération.
Mercredi, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que Moscou était convenu avec les dirigeants israéliens que la sécurité des travailleurs russes sur le site, où ils construisent de nouvelles installations nucléaires, serait garantie.
"Nos spécialistes sont sur place. Ils sont plus de deux cents. Nous sommes convenus avec les dirigeants israéliens que leur sécurité serait assurée", a dit le dirigeant russe aux journalistes.
L'ambassade de Russie en Iran a déclaré jeudi que le site de Bouchehr fonctionnait normalement et qu'elle ne percevait aucune menace pour sa sécurité.
Alexeï Likhatchev, patron du géant russe du nucléaire Rosatom, a toutefois averti jeudi qu'une attaque israélienne contre la centrale nucléaire iranienne pourrait conduire à une catastrophe de type Tchernobyl, en référence à l'accident nucléaire survenu en avril 1986 en Ukraine, alors membre de l'URSS.
"S'il y a une attaque sur la première unité de production opérationnelle, ce sera une catastrophe comparable à Tchernobyl", a-t-il dit, cité par l'agence de presse russe RIA.
Les pays du Golfe, en coopération avec l'organisme de surveillance nucléaire de l'Onu, ont préparé un plan d'urgence pour toute attaque contre une centrale nucléaire de la région, selon une source proche du dossier.
(Reportages Jana Choukeir et Ahmed Elimam à Dubaï ; Pesha Magid à Riyad et Steven Scheer à Jérusalem ; Vladimir Soldatkin à Saint-Pétersbourg, Dmitry Antonov à Moscou et Andrew Osborn à Londres, rédigé par Andrew Mills ; version française Diana Mandia, édité par Sophie Louet)
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